Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

carnets de guerre

15 janvier 2009

18 Juin 1915

18 Juin 1915 :

Aujourd'hui, j'ai été appelée en tant qu'infirmière près du front. Il manque de personnels et de volontaires. J'ai envie d'y aller, de soigner les soldats. Cela me permettra de me sentir moins seule car, depuis que Roger et Marcel sont partis combattre, je n'ai pas eu de nouvelles d'eux. Je garde quand même espoir !

19 Juin 1915 :

Premier jour en tant qu'« ange blanc ». C'est une ancienne usine réhabilitée en hôpital. C'est dur de voir tous ces corps allongés, à même le sol parfois, en sang, amputés, personne ne peut plus rien pour eux. Ils veulent s'en sortir mais vont mourir. Je pense à toutes ces familles briser, je me mets à leur place. J'entends sans cesse les cris des combattants. C'est affreux. J'essaie tant bien que mal de me boucher les oreilles, mais le bruit finit toujours par s'entendre. Ma peur est de trouver un soldat blessé, mutilé et de reconnaitre un de mes frères.

12 août 1915 :   

Aujourd'hui encore, beaucoup de soldats sont morts, faute de matériel et d'hygiène. J'ai vu des combattants exécutés pour avoir volé une poignée de pain et un peu de barbaque. J'ai aussi soigné un patient dont le blaire n'était pratiquement plus là,  suite à un marmitage. C'était affreux, cet homme n'a pas survécu. Je n’entends plus les bruits, les cris de douleur. Je parle comme les soldats, me bats comme je peux contre la barbarie de cette guerre.

9 septembre 1915 :

Je suis triste. Aujourd'hui Roger a été emmené à l'hôpital. Il ne va pas survivre. Il a été marmité. Je lui ai demandé des nouvelles de Marcel, il va bien malgré le manque de ravitaillement. Ils m'ont écrit des lettres, mais je ne les ai pas reçues.

Ce métier est trop dur pour moi. Mais je vais continuer à travailler pour aider tous ces combattants qui se battent pour la France !

                                                                            

Publicité
15 janvier 2009

je me souviens ...

ANAIS

15 DECEMBRE 1916 :

Aujourd'hui nous avons été attaqué par les assauts des boches, vers 10h30. Plusieurs de mes compagnons de batailles ont été tués. Je me retrouve seul avec deux autres personnes  .Demain sera un autre jour j'espère pouvoir réécrire pour raconter ma vie  de tous les jours.

16 DECEMBRE 1916 :

Aujourd'hui la journée a été très calme, c'est la première fois depuis le début de la guerre que nous n'avons pas été attaqués par les assauts des boches. J'ai pu me reposer, mais j'ai eu très froid.

BOGDAN

2 août 1914.

Me voilà prêt à partir, à la guerre, le samedi à quatre heures de l'après-midi, toutes les cloches sonnent en France. Je m'appelle Bastien, j'ai 19ans. Je viens du sud, prés de l'Espagne, à Montpellier.

Je ne suis pas effrayé, car mes camarades ne le sont pas. Excès d’orgueil ? Joie de combattre ? Nous sommes ensemble, à quatre. Pour Noël, nous serons de retour et nous reprendrons le cours de notre vie normale, calme et tranquille. Dans une heure nous commençons notre marche, pour prendre la position prés de la Marne.

15 août 1914.

Nous voilà arrivés. Nous prenons un repos après cette longue marche. Dans trente minutes, nous prenons les positions. A onze heures du matin avant le midi, les chefs et officiers vont mobiliser l'armée pour une offensive générale. Je me suis dit voilà, c’est le début de la guerre pour moi, ma tout première Bataille.

Bernard, mon camarade casse-cou, veut foncer à tout prix.

C’est une personne aux cheveux bruns, le plus petit d'entre nous, mais il est le plus sévère, imposant et le plus balèze. Il est âgé de 21ans  et fait 1 mètre 67. Nous le surnommons  « la graine » ! Sans arrêt il nous bouscule et nous dit : «Sois pas si froussard, nous n’en ferons qu'une bouchée en une attaque» en parlant avec un grand sourire.

Quarante minutes avant d'arrivée sur les lignes du front allemand, des obus nous bombardent, à longue distance. Déjà à cause de nos uniformes bleu et rouge qui sont bien voyants, et pas confortables aussi.

BUSHRA

Mercredi 19 août 1914:  

Cette journée a été calme, il n'y a rien eu de particulier, au début j'avais peur de me battre, mais avec le temps je me suis habitué car j'ai compris pourquoi on se battait, que c'était pour notre patrie! Une fois qu'on comprend ceci, même si on se fait mal ou qu'on se blesse, avec cette pensée de se battre pour la patrie du coup, les douleurs s’allégent et on a moins mal...

Vendredi 9 octobre 1914:

Il y' a des fois où je me demande pourquoi se battre? Qu'est ce que ça va nous apporter à la fin? Pourquoi souffrir autant? Je suis perdu dans ces pensées, je ne mange pas grand chose ici. Les jours me paraissent très longs... tu ne sais pas comment j'ai hâte de te revoir, toi maman, puis mes amis... Les soirées pendant lesquelles on passait de très bons moments avec eux, sont vraiment inoubliables. J'espère un jour  vous revoir ou peut être pas, mais peut être un jour si je meurs, vous retrouverez mon carnet de guerre et vous le lirez. Il est tard, tout le monde dort déjà, seul moi je suis réveillé et j'écris.

1er Mai 1915

Retour au calme, nous allons de nouveau attendre dans les tranchées. Notre chef de section nous a dit qu'il y aurait probablement une trêve pour vingt d'entre nous. Tous espèrent être dans les vingt. Le départ est prévu pour le 10 Mai 1915 mais il ne nous donnera les noms que le 7 Mai!

10 Mai 1915

   Nous sommes partis tôt ce matin mes camarades et moi, nous avons eux dix jours de permission par notre chef de section. Nous marchons, nous voyons les cadavres pleins les fossés, les champs sont détruits... Au loin nous entendons les obus qui explosent, les fusils qui tirent, c'était un sentiment horrible!!! Nous croisons sur notre route des anciens villages, il en reste plus rien, maisons en ruines, terres agricoles détruites...

JENNIFER

31 Janvier 1915

La guerre est très dure, plus que je ne l'aurais imaginé. Tous ces soldats morts devant moi. Je n'en peux plus, c'est difficile. Mais il faut que je me dise que tout cela sera bientôt fini. On connaitra une vie sans guerre, et nous rejoindrons  bientôt nos familles. Il y a deux jours, il y a eu un de mes camarades qui a été tué par une grenade, c'était affreux, je ne voulais même plus faire cette guerre. Mais bon, il faut tenir le coup.

Ici la nourriture est constamment froide, ce n’est pas très bon, et le plus qui m'écœure le plus, c'est les argots  qui se baladent partout, c'est écœurant. Et il y a aussi les totos, ce n'est vraiment pas agréable.

5  février 1915

La vie dans les tranchées n'est pas facile, il pleut tout le temps. Tous les jours on patauge dans la boue, tous les jours des morts. Il n'y pas longtemps, un des soldats s'est fait tuer comme exemple parce qu'il avait été blessé au bras, et le commandent ne l’a pas cru.

Avant qu'il ne meure, on lui offrait tout ce qu'il voulait à manger. Mais le jour où le soldat s'est fait exécuter, je n’étais pas là pour lui dire au revoir, il voulait me donner une lettre pour sa famille, pour que je leur donne; je n'oublierai jamais ce soldat.

MICKAEL

16 avril 1917:

Les soldats américains sont à nos cotés, mais ils sont peu nombreux comparés au nombre de mes camarades morts au combat. Bien qu'ils soient peu nombreux, ils sont bien mieux armés que nous et les boches.

17 avril 1917: 

Aujourd'hui, un assaut est  prévu dans le but de désorienter les boches. 16H, le chef de tranchée a sonné le rassemblement, pour partir au combat, mais au moins la moitié des soldats dont moi-même, avons refusé d'aller au combat.

FLORIAN

15 janvier 2009

5 Décembre 1917

Carnet de guerre

                   5 Décembre 1917

Une nouvelle journée de désespoir, nous sommes allés au front toute la journée dans le froid et dans la peur de se prendre une balle qui pourrait nous tuer. Nous ne savons plus pourquoi nous nous battons mais nous nous battons tout de même. La neige est tombée toute la journée. Je ne sens ni mes mains, ni mes pieds. Je me demande si je vis toujours, mais la douleur est trop insupportable pour penser que je suis mort ou même pour dormir. Cela fait maintenant 48heures que je n’ai pas dormi, ni même manger. Mais que diable font-ils avec notre soupe ? Que va-t-on devenir ? Personne ne le sait mais moi j'ai et j'aurai toujours cet espoir de vaincre et de rentrer chez moi rejoindre ma chère et tendre épouse et mon fils que je n’ai pas pu voir naitre et grandir.

          25 Décembre 1917

Nous sommes le jour de Noël et j'aimerais tant le passer avec ma famille malheureusement ceci est impossible. Ma famille me manque énormément et je ferai tout mon possible pour un jour les retrouver et les serrer  tous deux très fort dans mes bras pour ne plus jamais les quitter.

          1 Janvier 1918

Le jour de l'an est enfin arrivé. Bonnes fêtes à tout le monde. Ma femme et mon fils, vous me manquez énormément, je vous aime tant.

          12 Janvier 1918.

Aujourd'hui c'était catastrophique. Mes amis les plus proches sont morts pendant l'assaut et je suis gravement blessé au ventre. Que vais-je devenir ? Une chose est sûre.  C’est que mon seul espoir est de voir une dernière fois ma femme et une première et dernière fois mon fils, avant de mourir.

          11 Novembre 1918

Cela fait 10 mois que je n’ai plus écrit dans ce carnet mais nous avons vécu énormément de choses terribles mais une bonne nouvelle est arrivée aujourd'hui. LA GUERRE EST ENFIN FINIE et j'y ai survécu pour ma femme et mon fils que j'aime énormément. Ce matin des officiers sont venus et nous ont annoncé cette très bonne nouvelle. Ma famille doit déjà m’attendre. Mon fils, je te verrai grandir, marcher, parler. Je t’entendrai m’appeler « papa ». Une dernière pensée pour tous mes camarades morts pendant la guerre et qui se sont battus jusqu'au bout.

15 janvier 2009

4 Septembre 1914

30 Aout 1914

Lever à six heures du matin – Il pleut à verse, je suis entièrement mouillé, je n'arrive même pas à bouger. J'ai très froid. Je vais au QG pour boire un café pour me réchauffer mais arrivé à mi-route, j'entends le lieutenant nous ordonner de prendre la baïonnette au fusil et de nous préparer à un assaut.

C'est le sous-lieutenant qui prend les commandes de cet assaut, c'est aussi le premier à se faire tuer par l'éclat net d’un obus lors du début de l’assaut. Quand c’est à mon tour de monter au combat, je crie de toutes mes forces pour me donner du courage.

Arrivé à 35 mètres des tranchées allemandes, je me couche. Je regarde autour de moi, à droite, à gauche et un grand vide sonore et visuel vient m'apporter encore plus de peur. C'est quand je crus qu'il n'y avait plus personne que je vis le lieutenant et une vingtaine de mes camarades perturber le silence par des tirs. Tous les Allemands y laisseront leur vie.

31 Aout 1914

Lever à six heures trente du matin – Je vais au chevet du sous lieutenant pour lui rendre un dernier hommage. J'ai l'impression que le monde s'est éteint une journée. Tous les soldats sont en deuil.

Les conditions météorologique accompagnent notre moral et c'est ainsi que je resterai pensif tout au long de la journée.

1er Septembre 1914

Lever à six heures et quart – Traversée de Strasbourg avec l'ensemble de la 1ère Section militaire. La ville est jolie et me rappelle Chalons en Champagne. Cependant, la ville était déserte, aucune présence des Boches dans les parages.

Après une journée de marche et de surveillance, on revient dans nos tranchées vers 17h.

2 Septembre 1914

Lever à six heures du matin. Après une matinée à nettoyer les tranchées du secteur 3 avec une vingtaine de mes camarades, je me rends à la cantoche pour déjeuner. La marmite de rata est arrivée. Guy le cuistot me servit une gamelle pleine de rata et un morceau de bœuf, de quoi tenir la journée.

Tout au long de la journée, je n'arrête pas de penser au sous lieutenant. C'était un lieutenant courageux, il était prêt à tout pour son pays. Je pense que sa famille sera fière de lui quand elle saura qu'il est mort pour sa patrie

3 Septembre 1914

Lever à sept heures du matin – J'apprends que René sera fusillé pour avoir insulté et poignardé le général. René a vingt ans. Quatre autres soldats passeront devant le conseil de guerre pour n'avoir rien fait pendant que le général souffrait. Ils font tous partis de la sixième Compagnie d’artillerie. C'est sous la pluie, l'orage et un paysage apocalyptique qu’ils passeront leur dernière journée dans ce misérable monde.

4 Septembre 1914

Lever à cinq heures du matin. On va vers l'ennemi qui se situe à quatre cent mètres de la sortie de Strasbourg ; information rapportée par l'un de nos gars. Une fois arrivés à proximité de Strasbourg, nous marchons, nous marchons jusqu'au panneau qui nous indiquait la fin de cette jolie ville.

Les Boches étaient à la terrasse d'un café en train de boire un bock. Arrivés à une trentaine de mètres de cette terrasse, un soldat Boche qu'on ne voyait pas au début tira en plein visage sur Maxime

Maxime, âgé de 17 ans, tomba dans mes bras. J'avais l'impression qu'il voulait me dire un dernier mot mais il était mort.

poilus

6 janvier 2009

5août 1914 ...

5 août 1914,

  Je profite d'un petit moment de répit pour pouvoir écrire.

Nous sommes tout juste installé dans la Marne. Ce matin j'ai observé un peu le comportement des personnes. Tout le monde est content d'aller combattre l'ennemi. Les gens ici sont plutôt gentils, nous rigolons bien ensemble. Il y en a un avec qui je m’entends d'autant mieux. Il s'agit de Roger, un petit commerçant de Bretagne âgé de 20 ans comme moi. Je me sens bien ici.

Selon le générale Triboulet, nous gagnerons très vite cette guerre et ce d'ici quelque mois et c'est ce que nous pensons tous aussi.

17 Décembre 1914,

  A l'approche de Noël, nous manquons de nourriture même si les cuisiniers font de leur mieux pour nous servir. Il fait très froid et je manque de sommeil, ce qui est le cas pour la plupart d'entre nous.

Ce matin, André Colmon et Odilon Leféve sont morts devant moi. Je m’étais attendu au fait que des proches camarades pourraient mourir. Mais j'étais loin de m'imaginer ce que cela pouvait vraiment être. Je ne vais pas bien aujourd'hui même si Roger essaie tant bien que mal de me remonter le moral.

26 février 1915,

  Derrière moi les tirs fusent. Tout à l'heure avec les amis, nous avons bu un jus, ce qui est devient de plus en plus rare. Les totos arrivent à grands pas, sans être découragés par le froid. Toute notre compagnie est contaminée. Cette nuit j'ai écrasé, enfin. Cela faisait des semaines que je n'arrivais pas à dormir à cause du bruit ou du manque de temps.

18 novembre 1916,

  Cela fait 2 ans, 4 mois et 16 jours très précisément que cette guerre a commencé. 2Ans, 4 mois et 16 jours que les obus éclatent, que les cadavres s'entassent les uns sur les autres. 2 Ans, 4 mois et 16 jours que les gaspards se promènent partout avec nous, que des odeurs de mort flottent dans l'air que nous respirons.

Je n'en peux plus, comme la plupart des personnes ici. Cette guerre ne rime à rien. Nous en sommes même à oublier pourquoi nous nous battons.

Même le pain et autres nourritures que nous mangeons a un goût immonde de cadavre, nous perdons des kilos comme un boulanger vend ses petits pains.

3 mai 1917,

  Je suis à l'hôpital, j'ai reçu une abeille dans ma jambe. Le médecin, malgré le peu de temps qu'il a pour me soigner, me dit que ma jambe finira par se rétablir d'ici quelques semaines.

Roger, ainsi que tous les autres, viennent régulièrement me voir, quand ils le peuvent.

J'ai de la chance, cela aurait pu être bien pire, quand je vois toutes les personnes autour de moi à qui il manque des membres.

Je bénéficie de 3 semaines de répit, le temps que ma jambe se rétablisse. Je vais enfin pouvoir revoir tous mes proches.

24 mai 1917,

  Le colonel Triboulet vient de m'annoncer la mort de Roger. Il s'est fait marmité le 19 mai 1917. Comme je regrette de ne pas être revenu plus tôt. Pourquoi lui ? Il était si gentil avec tout le monde, si humain, tellement généreux et si honnête. Roger était devenu mon meilleur ami, il n'aurait pas dû mourir. Je tiens à aller voir Germaine ainsi que toute se famille pour leur annoncer son décès. Il va tellement me manquer. Je ne l'oublierai jamais.

11 novembre 1918,

  Les officiers sont venus ce matin nous annoncer cette si bonne nouvelle. La guerre est enfin finie, 4 années de guerre enfin terminées. Je n'arrive toujours pas à y croire. Finis les pains rassis, finis les bouillons de légumes et les barbaques à peine cuits, finis les gaspard et la vue des cadavres à longueur de temps. Roger aurait été si fier. Mais je n'oublierai pas les bons moments passés en compagnie de mes camarades, qui sont pour la plupart morts ou gravement blessés.

Publicité
6 janvier 2009

21 décembre. Verdun

21 Décembre 1915. Verdun.

Il est cinq heures du matin, il fait froid, on entend les obus éclater. Je n'ai dormi que deux heures et je n'arrive pas à retrouver le sommeil. Je pense à ma famille, je me pose beaucoup de questions. Vont-ils bien ? Ne sont-ils pas malades ? blessés ? tués ? Tout à l’heure, un de mes camarades a couru vers moi pour me montrer des centaines de rats qui couraient en direction des cadavres. Ils mangent la chair des cadavres, de nos camarades….C'était horrible. J’ai vu un de mes amis entassé dans un mont de puanteur. Je ne savais même pas qu'il était mort, ça m’a fait une boule au ventre. Je le connaissais depuis mon enfance.

22 Décembre 1915.

Il est sept heures du matin. Il y a de la neige, il fait encore plus froid qu’hier. On se serre pour se réchauffer car nos couvertures sont trempées. Maintenant  ça fait déjà un an et cinq mois que, nous sommes là. Les obus me rendent presque sourd. J’ai même fabriqué des espèces de bouchons avec un bout de tissu de mon pantalon. Cette nuit, le commandant a dit « baïonnette au canon ». Mon cœur palpita si fort que je me suis mis à pleurer en pensant à toi, ma femme, et à notre fils. Et là, le commandant dit « En avant ! ». Ce fut un bain de sang partout. Des hommes se faisaient tuer au bout de quelques mètres. Quand le silence se fit, les brancardiers allèrent chercher les soldats blessés. J’arrête de replonger dans l’horreur de cette nuit… Je suis vivant.

23 Décembre 1915.

Il est onze heures du matin. C'est le jour de laver nos vêtements. J'en pouvais plus de les avoir sur moi, ils sentaient très mauvais. Je n'arrête pas de me gratter à causes des totos. Mais quand je remets mes vêtements ça gratte encore plus, on dirait qu'ils se sont multipliés par centaines. A dix- neuf heures c'est l'heure de se remplir le ventre. Hier soir, c’était du bœuf et du bouillon, on aurait dit de l'eau. Et il n’y en avait pas pour tout le monde.  Nous avons tous un bout de pain c'était la seule chose qui était mangeable. On devait le manger rapidement car les rats se seraient régalés avant nous. La nuit on se fait mordre par ces maudits rats. Ils sont horribles avec leur grande queue. Leur corps est aussi  gros. Ils mangent tout ce qu'ils trouvent nos pains, nous et les cadavres. Un jour, en serons-nous réduits à nous comporter comme des rats ? Je me demande parfois si cette guerre ne nous transforme pas en animal.

24 Décembre 1915.

Il est trois heures du matin. J'ai froid, j'ai faim car j'ai presque rien mangé hier soir, que du pain. Je n'ai pas réussi à fermer l'œil de

la nuit. Encore

une longue nuit. Je pense à toi. Je ne sais même plus pourquoi je suis là à me battre. Si, je sais. Pour ma patrie…mais pourquoi ? Pourquoi ont-ils menti ? Pourquoi nous avoir fait croire que cette guerre ne durerait que deux mois ? Pourquoi ? Je commence à devenir fou. Je me parle à moi même, je ris tout seul …

Il faut que je me réveille. Et, à chaque fois, cette impression de vivre un cauchemar s’efface. C’est la réalité.     

   

 

Publicité
carnets de guerre
Publicité
Publicité